Marchés financiers : pourquoi fuir les permabulls et les permabears

Un investisseur toujours sûr que tout va monter. Il achète tout, tout le temps. À l’opposé, un autre jure que tout va s’effondrer. Il vend, encore et encore. Ces deux profils existent bel et bien : les permabulls (toujours haussiers) et les permabears (toujours baissiers). Deux extrêmes, une même erreur : celle d’oublier que les marchés changent.

1. Les extrêmes paralysent la lucidité

Rester figé dans une conviction permanente, c’est se couper du réel. Le permabull garde la foi quand les signaux faiblissent ; le permabear reste dans la peur alors que les indicateurs s’améliorent. Dans les deux cas, la lecture devient émotionnelle, pas rationnelle. Résultat : des décisions inadaptées, coûteuses et décorrélées des faits.

Sur les marchés, la différence entre une conviction assumée et une croyance rigide, c’est la capacité à changer d’avis. Un investisseur flexible vend une position quand les fondamentaux se dégradent. Un permabull s’accroche jusqu’à la casse. Un permabear rate les phases de reprise parce qu’il ne veut pas y croire.

2. Être comme l’eau : l’art de l’adaptabilité

Un bon trader ajuste ses voiles, il ne tente pas de changer le vent. Cette image est puissante. Elle rappelle que l’agilité compte plus que la prédiction. Les marchés vivent de cycles, non de vérités éternelles. Après la crise de 2020, beaucoup ont juré que “plus rien ne serait comme avant”. Pourtant, les indices mondiaux ont rebondi : +85 % pour le Nasdaq entre mars 2020 et novembre 2021 (Source : Nasdaq). Ceux qui sont restés enfermés dans le pessimisme n’ont rien vu passer.

Inversement, ceux qui croyaient à une euphorie sans fin ont oublié le principe même des marchés : tout cycle finit par se corriger. Comme l’eau, il faut savoir épouser le mouvement, lire les signaux, se repositionner. Cette souplesse n’est pas une faiblesse : c’est une discipline mentale.

3. Comprendre l’autre camp sans s’y dissoudre

Se méfier des permabears et des permabulls ne signifie pas les ignorer. Leur logique mérite d’être comprise. L’optimiste exagéré cherche la confirmation de ses paris ; le pessimiste chronique veut protéger à tout prix. Les deux répondent à une peur profonde : perdre le contrôle.

Écouter les deux côtés du marché, c’est enrichir notre grille d’analyse. Sans adopter leurs excès, nous pouvons identifier leur biais. Cela permet de repérer l’instant où la majorité bascule dans l’émotion. Et c’est là que se trouvent les opportunités. Sur un marché euphorique, la prudence devient une force. Sur un marché dépressif, le courage de revenir devient un avantage.

4. L’émotion collective, piège ou opportunité ?

Nos sociétés adorent les camps : pour ou contre, haussier ou baissier, héros ou catastrophe. Les médias amplifient cette polarisation car elle capte l’attention. Mais en finance comme en politique, la pensée binaire détruit la nuance. Ceux qui surfent sur ces vagues obtiennent parfois un gain rapide mais perdent leur crédibilité à long terme.

Un investisseur mature doit savoir observer sans s’absorber. Accepter que les autres s’agitent, sans suivre le mouvement. Cela ne veut pas dire rester inactif, mais agir avec discernement. La patience fait souvent la différence : attendre un point d’entrée, valider une tendance, éviter de réagir au bruit.

Cette distance émotionnelle se cultive. On la renforce par la lecture, par l’analyse des chiffres, par le recul face aux réseaux sociaux. L’indépendance d’esprit devient alors notre ancrage dans un environnement saturé de bruit.

5. Sortir du tunnel psychologique post-crise

Beaucoup de traders, d’entrepreneurs ou d’épargnants ont encore la tête dans les années de crise. La pandémie, les confinements, l’inflation et les tensions géopolitiques ont laissé des traces. Certains ont perdu leur optimisme, d’autres ont basculé dans un excès inverse, cherchant frénétiquement des opportunités de redressement.

Mais chaque cycle porte en lui son propre correctif. L’économie mondiale montre une stabilisation progressive. Les indices de confiance des ménages en Europe sont en hausse continue depuis 2023 (Source : Eurostat). Cela ne signifie pas un retour à l’euphorie, mais un rééquilibrage. Il faut apprendre à lire ces signes faibles. Les excès s’estompent, la raison revient. Les permabears l’ignorent, les permabulls la déforment, les analystes lucides l’observent.

6. Comment garder la tête froide

Quelques réflexes simples permettent de rester lucide :

  • Tenir un journal de marché : noter ce que nous pensons avant une décision. Cela réduit l’auto-tromperie a posteriori.
  • Mesurer ses biais : relire ses précédentes erreurs, repérer les erreurs de jugement répétitives.
  • Limiter le bruit médiatique : ne pas confondre information et agitation. Suivre quelques sources fiables, pas cinquante flux contradictoires.
  • Se fixer un cadre : stop-loss, prise de gain, ratio risque/rendement. Les émotions adorent les zones grises ; structurez vos décisions.
  • Échanger avec des esprits contraires : une discussion calme avec un point de vue opposé, c’est souvent une antidote aux certitudes.

Ces pratiques alimentent une pensée rationnelle, indépendante, équilibrée.

7. La rationalité, une forme de résistance

Rester rationnel, ce n’est pas être froid. C’est savoir que la peur comme l’enthousiasme sont des signaux qu’il faut écouter sans s’y soumettre. Dans un monde surchargé d’opinions tranchées, adopter une posture équilibrée devient presque un acte de résistance.

Nous ne contrôlons pas la direction du vent. Mais nous contrôlons la tension de nos voiles. Voilà toute la différence entre subir le marché et l’accompagner. Entre l’égarement et la clarté.

Se méfier des permabears et des permabulls, c’est finalement accepter un principe simple : le monde change, donc notre regard doit changer aussi. Celui qui reste souple, curieux et lucide trouve toujours sa place, que la mer soit calme ou agitée.

8. En résumé

  • La conviction ne doit jamais devenir croyance.
  • Les extrêmes rassurent, mais aveuglent.
  • L’adaptation est une force, pas une faiblesse.
  • L’émotion collective crée du bruit ; la lucidité crée de la valeur.
  • Nous pouvons choisir de penser par nous-mêmes, sans suivre les foules.

Les permabulls et les permabears vivent dans des certitudes. Nous, investisseurs et analystes lucides, devons vivre dans le doute actif : celui qui observe, questionne et ajuste. Car sur les marchés comme dans la vie, ce n’est pas celui qui a toujours raison qui avance : c’est celui qui apprend à changer de cap.


En savoir plus sur Tixup.com

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

toto toto toto 4d ROGTOTO rogtoto

En savoir plus sur Tixup.com

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Poursuivre la lecture