2,5 millions de Français à l’étranger : l’exode discret des retraités

Marc et Marie‑Claire ont pris une décision radicale. Après quarante ans de travail, ils ont quitté la région lyonnaise pour s’installer au Maroc. Leur pension ne leur permettait plus de vivre sereinement en France : loyer trop cher, impôts en hausse, prix alimentaires en spirale. Là‑bas, ils vivent correctement avec 1 300 € par mois, profitent du soleil et d’un rythme de vie plus doux. Leur histoire résume un mouvement silencieux qui grandit.

Un pouvoir d’achat en recul, une fiscalité qui pèse

La vie devient de plus en plus chère pour les seniors français. Les pensions progressent d’à peine +2 % par an alors que les dépenses courantes augmentent de +5 à 10 %. Louer un studio à Paris coûte en moyenne 1 200 € par mois. L’énergie flambe, la fiscalité grignote les revenus, les services publics se dégradent. Beaucoup de retraités se sentent piégés entre aides en recul et charges qui explosent. Certains choisissent donc une autre voie : vivre ailleurs, où l’euro garde sa valeur.

Une tendance de fond : plus de 2,5 millions de Français vivent à l’étranger

Selon les estimations gouvernementales (Source : Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères), plus de 2,5 millions de Français résident hors de l’Hexagone. Et parmi eux, la proportion de retraités augmente chaque année. Pas de fuite, mais un choix de vie réfléchi. Les motivations ? Retrouver dignité, pouvoir d’achat et sérénité.

Les destinations les plus prisées

Les profils varient, mais les priorités sont souvent les mêmes : climat agréable, stabilité politique, soins accessibles et régime fiscal plus doux. Tour d’horizon des cinq destinations favorites.

  • Costa Rica : le visa « Pensionado » s’obtient avec un revenu d’au moins 1 000 $ par mois. Le système de santé public y est performant et le climat stable. Un couple y vit correctement avec 1 200 à 1 800 € mensuels. En contrepartie, la barrière de la langue et la disponibilité des médicaments peuvent compliquer le quotidien.
  • Maroc : avantage fiscal fort : réduction d’impôt de jusqu’à 80 % si la pension est versée en dirhams non convertibles. Coût de vie : 800 à 1 500 € par mois. Logement spacieux et services abordables, mais attention à l’été très chaud et au marché immobilier parfois instable.
  • Espagne : climat méditerranéen, système de santé reconnu et présence française importante. La vie reste confortable pour un couple avec 1 500 à 2 500 € mensuels. L’inconvénient : le risque de s’enfermer dans une communauté francophone, loin de l’intégration locale.
  • Portugal : longtemps avantagé par le statut fiscal NHR (exonération pendant dix ans), aujourd’hui supprimé pour les nouveaux arrivants (2024). Lisbonne et Porto ont vu les prix de l’immobilier s’envoler de +50 % en quelques années. Il reste néanmoins un pays stable, sûr et européen.
  • Asie ou Amérique latine : Thaïlande, Mexique, République dominicaine attirent par leurs prix imbattables. Mais les billets d’avion (entre 900 et 1 400 € l’aller‑retour) et l’éloignement familial limitent la durée des séjours.

Préparer son départ : une affaire de rigueur et de temps

Partir à la hâte conduit rarement à un projet durable. Les associations d’expatriés recommandent 18 mois de préparation. Voici quelques étapes pratiques :

  • Faire un séjour test de trois à six mois pour évaluer la vie locale.
  • Conserver un pied‑à‑terre en France pour garder un lien patrimonial et administratif.
  • Constituer un budget de départ avec +30 % de marge sur les estimations.
  • Apprendre au minimum 200 mots de la langue du pays d’accueil.
  • Adhérer à un réseau d’expatriés français ou francophones pour éviter l’isolement.
  • Maintenir une couverture santé solide, via la Caisse des Français de l’Étranger (CFE) si possible.

Ces mesures préservent la stabilité financière et psychologique du couple ou du retraité seul. Elles permettent aussi d’aborder sereinement les différences culturelles et administratives.

Les coûts cachés de l’expatriation

L’expatriation n’efface pas toutes les charges. Elle en crée de nouvelles. Les transferts d’argent coûtent souvent entre 20 et 50 € par mois. L’assurance santé internationale peut atteindre plusieurs milliers d’euros par an. Et le billet retour vers la France reste une dépense incontournable, surtout en cas d’urgence médicale ou familiale. Beaucoup de retraités sous‑estiment ces postes.

Autre facteur à surveiller : la stabilité administrative du pays d’accueil. Le Maroc ou le Costa Rica révisent régulièrement leurs régimes fiscaux pour les étrangers. Une loi peut réduire les avantages du jour au lendemain. Dans ces cas, disposer d’une réserve financière et d’un plan B devient essentiel.

Le retour en France : un scénario à anticiper

Certains expatriés finissent par rentrer. La maladie, la perte d’un conjoint, les difficultés financières ou la nostalgie pèsent lourd. Le retour peut s’avérer complexe : réactivation des droits sociaux lente, démarches médicales ou administratives longues, vente d’un bien immobilier à l’étranger incertaine. Prévoir ce scénario dès le départ évite bien des désillusions. Exemple : conserver une adresse postale française ou une résidence secondaire simplifie toutes les démarches.

Europe : une zone test idéale

Avant de s’aventurer très loin, commencer par l’Europe reste souvent la meilleure option. L’Espagne, le Portugal ou la Grèce permettent de garder ses droits sociaux français, notamment la couverture santé et la retraite. Les liaisons aériennes sont fréquentes et les séjours familiaux restent simples. C’est une transition douce avant un éventuel départ plus lointain.

Un projet de vie, pas une fuite

Choisir l’expatriation à la retraite, c’est avant tout réinventer son quotidien. Ce n’est ni une mode ni une échappatoire. C’est un projet exigeant, qui appelle lucidité et préparation. Partir doit répondre à une envie réelle, pas à un rejet. Les couples qui réussissent cette transition parlent de renaissance : plus de temps, plus de liens humains, moins de pression financière.

La clé ? Garder les yeux ouverts. Faire ses calculs. Tester avant de décider. Et accepter que toute expatriation est une aventure humaine, avec ses risques et ses merveilleuses découvertes. Comme le résume un retraité installé à Séville : « Je n’ai pas fui la France, j’ai choisi un autre rythme. »

En résumé

  • Préparation : 18 mois minimum.
  • Budget : ajouter 30 % de marge de sécurité.
  • Fiscalité : se documenter sur les régimes locaux et l’évolution des lois.
  • Santé : souscrire une couverture solide, conserver un lien avec la CFE.
  • Réseau : créer du lien, s’intégrer, éviter l’isolement.

L’expatriation à la retraite peut transformer un budget contraint en vie confortable. À condition d’en faire un projet, pas une échappée. La liberté retrouvée se prépare, pas se devine.


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