Et si suivre sa passion n’était pas la clé du succès ? Le parcours de Jensen Huang, CEO de Nvidia, nous invite à renverser cette idée reçue. Sa philosophie : mieux vaut apprendre à aimer ce que l’on fait que courir après le métier idéal. Une approche qui bouscule nos représentations du travail et de l’orientation.
Une autre lecture de la réussite
Nvidia, valorisée à plus de 1 000 milliards de dollars (Source : Statista, juin 2024), n’est pas née d’un rêve romantique. À ses débuts en 1993, Huang et ses cofondateurs ignoraient encore s’ils tenaient leur vocation. Leur moteur ? Le travail méthodique, la curiosité et la confiance dans la valeur du produit. C’est cet engagement, jour après jour, qui a transformé un pari industriel en réussite mondiale.
Pourquoi « suivre sa passion » peut bloquer
Depuis vingt ans, le discours dominant dans les universités et les médias vante l’idée que chacun devrait « trouver sa passion ». Derrière ce mantra, une pression s’installe : celle d’identifier un métier parfait avant même d’avoir expérimenté. Selon une étude publiée dans le Journal of Vocational Behavior (2022), près de 70 % des étudiants se sentent angoissés face à cette injonction. Le risque ? Se sentir perdu, inadapté ou déçu lorsque la passion ne se manifeste pas immédiatement.
Jensen Huang résume cette tension par une idée simple : « Il est difficile de trouver ce que l’on aime, mais plus facile d’aimer ce que l’on fait. » L’accent se déplace. La motivation ne vient pas d’une révélation initiale, mais d’un engagement croissant. Ce renversement de perspective valorise la constance plutôt que la quête du Graal.
Construire la passion avec le temps
Les travaux du psychologue Robert Vallerand (Université du Québec à Montréal) soutiennent cette approche : la passion se construit par l’investissement personnel, non par le seul attrait initial. En s’impliquant, on affine sa compétence, on gagne en autonomie, et l’intérêt devient affectif. Ce processus est visible chez Huang : de ses premiers emplois modestes — plongeur, livreur ou serveur — il a toujours tiré un apprentissage concret. Chaque rôle a été une étape d’exigence et de progression.
Ainsi, la passion ne précède pas la réussite : elle en découle. Ce constat résonne dans un contexte où la mobilité professionnelle et les reconversions augmentent (Source : OCDE, 2023). Apprendre à aimer ce que l’on fait, c’est aussi cultiver la résilience face au changement.
Implications pour l’enseignement supérieur
Dans le monde académique, ce message a une portée directe. Les étudiants cherchent souvent la filière « parfaite ». Or, une formation devient passionnante quand on s’y investit concrètement : stages, projets, échanges. Autrement dit, la motivation suit l’action. Ce principe peut inspirer de nouvelles approches pédagogiques, centrées sur l’expérimentation plutôt que sur la seule vocation.
- Tester avant de choisir.
- Valoriser l’effort plutôt que l’idéal.
- Former à la persévérance et à la curiosité.
La leçon de Jensen Huang dépasse Nvidia. Elle réhabilite le plaisir du travail bien fait, même modeste, comme levier d’épanouissement. En somme, cessons de chercher la passion : apprenons à la bâtir.
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